Visite pasto:1° jour en Ste Bernadette

La première journée dans une paroisse,ce mercredi 22 octobre

Chaque jour commence avec son style.

Pour cette journée en paroisse Ste Bernadette, ça commence avec un café au presbytère et avec l’EAP. Quelques échanges, et c’est le départ direction Noyelles et la rencontre des anciens salariés de Béra.

 

 

 

 

Ils ou plutôt elles (un seul homme parmi une dizaine de dames) sont là.
Quelques unes racontent, les autres acquiescent . C’est Michèle qui s’exprime en premier : « c’était la surprise d’apprendre qu’on allait fermer. Juste avant Noël. Il y avait eu un CE la veille qui s’était bien passé ; on y avait parlé de l’avenir. On parlait de la nouvelle collection, avec les nouveaux tissus. Nous étions confiantes, même euphoriques, toutes les négociations salariales avaient été acceptées. »
Colette surenchère : « On parle d’avenir et le lendemain, on voit tout s’effondrer. On était tellement hébété, que dans un premier temps, on est allé travailler sans s’en rendre compte. On avait eu une nouvelle machine, des ouvriers ont travaillé même le dimanche pour l’installer, et là d’un coup… C’est une stratégie. »
« C’est même malhonnête «  dit une autre personne ; « ils ont essayer de cacher ».
« C’est toute une histoire, des années ensemble qui s’évapore d’un coup. »
Et de raconter les soucis et les difficultés : « il y avait eu des licenciements auparavant, mais c’était plus des départs volontaires en pré-retraite. On savait que c’était difficile, que les chiffres n’étaient pas bons, mais on était dans un groupe. Mais on a eu des tissus qui venaient du Pakistan, et même de Chine ; mais ces tissus étaient de mauvaise qualité, il fallait les traiter, les machines tombaient plus souvent en panne sans que la maintenance ne comprenne ; maintenant , on a compris. Avant on avait des industriels, qui faisaient tout pour que la boite tourne. Quand on est tombé sur un groupe financier, c’était différent : le patron n’était jamais là ; il y avait une stratégie, avec un lieu où les locaux étaient luxueux, en marbre. On allait aux réunions avec les autres boites, c’était la même chose… Les machines ? elles ont été démantelées et revendues au Pakistan. »
« Combien de personnes s’en sont sorties ? »  demande l’évêque.
« Une vingtaine sur 167, pour de vrais contrats. D’autres, une vingtaine, souvent des femmes seules avec enfants, vivent vraiment la précarité : elles sont aides à domicile, mais c’est un travail précaire, où les enfants sont souvent délaissés, où il n’y a pas de dimanche (sans que le travail du dimanche ne soit doublement payé), où il n’y a pas d’heures supplémentaires prévues dans le contrat. Il y a _ à 10 qui sont en retraite, mais pas une forte retraite : normalement, la retraite du textile, c’est 580€, revalorisés à 686€… Moi, j’ai compté, ce sera 726€ en 2012.Mais il faut tenir jusque là ; là les aides vont s’arrêter ; et le pire, c’est que l’AER est supprimée à partir du 1 janvier 2009. »
L’évêque se fait expliquer cette aide pour des personnes ayant suffisamment cotisée, au chômage et à quelques mois de la retraite. « Le décret d’annulation est paru. Normalement, il devait y avoir une négociation, mais avec la crise, rien n’a été fait. J’ai téléphoné au syndicat, ils ont dit de signer la pétition… C’est grave, parce que des gens qui ont travaillé toute leur vie pour un bien, leur maison bien souvent, vont être dans l’incapacité soit de la chauffer, soit de l’entretenir, soit même de la garder. Vous imaginer, ce n’est pas normal… Et heureusement qu’on a gardé la retraite par répartition, sinon, on n’aurait rien du tout… »
L’évêque explique, parle de ce qui se passe et de cette nécessité de finir avec un capitalisme financier. Il rappelle les positions de l’Eglise depuis des années.
« Nous avons été lâchés. Les plans de reclassement, c’était pour nous écouter. Normalement , un an après, nous devions avoir une rencontre avec tous les acteurs, mais rien. Des politiques qui sont parfois venus pour la photo, on ne les voit plus. D’autres ont réagi, comme cette lettre pour l’arrêt du démantèlement du matériel de la CAPH, mais ça n’a rien fait. On n’a plus d’interlocuteurs… On est seuls… » « Moi, je n’y crois plus », dit cette personne qui dit en même temps qu’elle continue à faire des dossiers pour les copines et à les aider au niveau de leurs droits. « C’est quand même effrayant de voir des jeunes de 40 ans qui ne savent rien et ne sont pas au courant de leurs droits, qu’il faut aider. »
L’évêque reparle de la visite de la veille avec cet ancien licencié qui a trouvé son créneau et a embauché. Il rappelle et soutient : « il faut que vous alliez voir le sous-préfet, c’est le représentant de l’état… J’essayerai aussi de le rencontrer et d’en parler … » Monseigneur aide aussi par ses paroles : « Si, vous y croyez encore, sinon, vous n’aideriez pas les personnes ainsi… » Et de prendre les coordonnées pour continuer le lien, même après.
 
Après un repas avec l’EAP, c’est la rencontre avec des enfants du caté (une cinquantaine) à St Paul. Chacun est venu, avec « sa » crosse décorée ou en cours, avec leurs bonheurs ainsi représentés : « c’est le basket, avec les copains et le fait de marquer un panier » ; « c’est avec mes parents ! » ; « c’est VAFC ! » ou parfois « C’est le PSG ! » mais même le supporter valenciennois dit que c’est bien , alors !
Monseigneur rappelle les signes : « le bâton, c’est le Christ ! » Il a un peu plus de mal pour la mitre : « on reconnaît un pompier à son casque, un policier à sa casquette, alors c’est la même chose pour un évêque. »
Les questions fusent : « vous avez toujours voulu être évêque, même quand vous étiez un enfant ? » « Oh, non, mais être l’ami de Jésus, être un apôtre pour le faire connaître, oui… ! » et de raconter le coup de téléphone qui l’a averti de cette mission ; mais aussi d’inviter : « quand on t’appelle pour une responsabilité pour aider les autres, il ne faut jamais dire non, sauf pour un cas spécial, une maladie… Si on t’appelle pour être délégué, même si tu ne t’es pas présenté, ne dis jamais non ! »
Certains comme Youri posent des questions qui décoiffent, alors qu’il ne les a pas préparé… « dans quelle direction il faut aller dans la vie ? » Tout le monde est surpris, y compris monseigneur… Après quelques phrases, il trouve les formules qui parlent : « il faut faire du ciel autour de nous ; on sait ce que ça veut dire, faire de l’enfer autour de moi, ça arrive malheureusement souvent. Mais essayer de faire du ciel chez ceux que nous rencontrons, les aider à vivre… » Mais Youri revient : « Je crois que les chrétiens, les musulmans, les juifs, on a le même Dieu… » Et encore une fois un petit silence, puis l’évêque montre sa grande croix : « tu vois, on est les seuls à porter une croix comme ça, pour dire que Dieu s’est fait homme en Jésus, et qu’il est mort pour l’humanité, pour chacun d’entre nous et même pour le plus abominable de tous les hommes, il n’y a que nous, les chrétiens qui disent ce Dieu fou d’amour … Il y a des personnes d’une incomparable bonté chez les juifs et chez les musulmans, mais nous n’avons pas la même vision de Dieu… »
Entre deux, des autres enfants se lèvent pour poser des questions qui sentent bon la fraîcheur : « dis, vous n’êtes pas mariés, alors pourquoi vous avez une bague ? » « vous voyiez souvent votre famille ? », « vous avez déjà vu le pape ? »… Pour savoir la réponse, demandez aux enfants de Ste Bernadette !
Mais vers 15h30, ça bouge pas mal, alors, c’est le temps du goûter ;
 

Monseigneur rencontre ensuite les maires de Noyelles, Haulchin, Douchy ou les conseillers qui les représentent. A chaque fois, c’est l’occasion de présenter la commune, les particularités, mais aussi l’extraordinaire différence avec d’autres coins pour le nombre de chômeurs, RMI, propriétaires de logements, etc…

 

 

 

 

C’est ensuite la messe qui conclut la journée ; une messe avec une chorale magnifique, et des visages qui sont venus de tout le doyenné. Même si c’est la messe anticipée du jeudi, les textes sont beaux, forts, et l’homélie marquent ceux et celles qui participent : Monseigneur parle « du buisson ardent, de sans doute cette sorte de buisson dont le fruit à un moment explose sous la chaleur ; ça ressemble à un feu, mais pas un feu qui détruit, un feu qui sème, qui donne et explose en bonne semence. C’est pareil pour le Christ ; on le voit parfois exploser même de colère, mais c’est pour semer… Notre Eglise doit s’engager ; elle rappelle que l’argent doit servir au bien commun ; les évangiles interrogent la science des grands savants ; nos communautés dérangent nos vies trop tranquilles… »
 

Article publié par com com • Publié le Lundi 27 octobre 2008 • 11545 visites

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